Voici quelques jours que des rumeurs font état de restructurations au sein de la maison d’édition Tamedia. Les hypothèses évoquées plaidaient plutôt pour une fusion des titres régionaux dont le public très local pourrait lire le même premier cahier, puisque les sites contiennent déjà passablement de sujets en commun. Cette mesure sera-t-elle mise en application, rien ne filtre à ce sujet du côté de Tamedia.
Pour l’instant, la nouvelle du jour est la mise en commun des forces de rédaction entre les titres 20 minutes et Le Matin. Quoi de plus logique dans un contexte où la baisse des revenus publicitaires print et le développement du programmatique en ligne ne laissent envisager aucune embellie des recettes commerciales. Cette décision permet également de clarifier une situation qui a toujours été niée par le groupe : Le Matin est un journal gratuit. En effet, le communiqué de presse nous apprend que ce titre est déficitaire depuis vingt ans (!). C’est donc la stratégie de deux gratuits (20 Minutes et Le Matin) pour la seule Suisse romande qui est aujourd’hui remise en question. Certes, à ce stade les deux titres continueront à exister. Et la réunion des rédactions permet d’engendrer de nouvelles économies d’échelles (dont malheureusement 6 personnes vont en faire les frais) après la création de l’agence interne Sport-Center qui traite l’information sportive pour Le Matin, Le Matin Dimanche et 20 minutes, ainsi que NewsExpress. Cela sera-t-il suffisant ? 20 minutes finira-t-il par absorber le Matin ? Et quid alors du Matin Dimanche ?
Serge Reymond, Head of the division paid media et membre du Comité de direction de Tamedia, estimait, lors de notre dernier interview, que le groupe se devait, dans le contexte économique actuel, de trouver de nouvelles solutions. Les premières manoeuvres ont par conséquent bel et bien commencé. Et l’on peut en déduire que la division par titres totalement autonomes ne fera pas long feu.
Le dilemme pour la presse écrite est plus que jamais celui de continuer à assurer une offre de qualité, permettant de garder des lecteurs, tout en la monétisant ? Tamedia n’est pas le seul éditeur a souffrir du changement d’habitude de consommateur du public. Chez Ringier, on a décidé de fermer un titre déficitaire (L’Hebdo) pour donner une chance au Temps. Chez Tamedia, on est moins drastique mais les coupes au scalpel sont plus régulières. Ne nous voilons pas la face : partout on ne fait que gérer la décroissance en réduisant les coûts et en licenciant. Or, ironie de la situation, jamais les audiences n’ont été aussi fortes pour autant que le contenu soit en ligne et gratuit.
Un nouveau modèle de presse doit être inventé, c’est la seule solution pour enrayer cette hémorragie. Seule consolation, celui qui trouvera la solution emportera le marché !